FOLIES CRÉATRICES
« Que diriez-vous d’un homme qui bâtirait des murs de forteresse pour ne rien protéger, des tours redoutables que renverserait un coup de canon à poudre, des appartements où l’on ne peut pas loger, une terrasse jaune qui n’a d’autre but que de mener à une terrasse rouge, et de là, à une terrasse grise, un kiosque turc avec un capucin à la porte, et une chapelle lilas mise sous la garde d’un grenadier français ? Vous diriez également que cet homme a fait une folie. * »
*Guide de 1834 à propos des Folies Siffait
DOUCES FOLIES
Quelles sont douces ces folies aujourd’hui que l’on découvre tel le temple d’Angkor dans cette végétation foisonnante et enchevêtrée, une ode à la nature. Est-ce un témoin d’hier ou un éclaireur de demain de ces nouvelles formes d’architectures qui se veulent plus à l’écoute de leur environnement, dans une symbiose inspirante ? Si rien de durable ne se construit sans amour, ces folies ont résisté à tant de choses. A la perte d’une muse, à la disparition de son architecte et de son botaniste filial, à l’arrivée du train qui effrite inexorablement la roche, aux bombardements approximatifs mais libérateurs, à la critique, les Folies sont des rescapées dans un monde brutal qui nous rappelle que tout disparait avec l’indifférence des uns et l’oubli des autres.
Et si la véritable Folie, c’était celle de vouloir rallumer l’amour dans la moiteur d’une forêt rêvée ? Sous le regard de chacun des acteurs, ses majestés le fleuve et la vallée, de ses hôtes écureuils et chauve-souris en tête et à l’ombre protectrice des chênes, cèdres et autres araucarias. Transporté par les émotions en arpentant ces balcons sur des terres d’imagination, ce lieu appelle à une douceur romantique, à une dolce vita réinventée.
LES FOLIES DES MAQUIS’ART
L’histoire d’une rencontre, d’une découverte et d’un partage. Panorama incroyable qui se découpe au gré des percements paysagers. De regards échangés, de marches à gravir et de racines à éviter. Une beauté fragile à l’équilibre précaire où chaque pierre à sa place, chaque végétal aussi. Quand on découvre le site sans préface, par le bas le long des rives de Loire et après une trouée presque secrète sous la voie ferrée à se frayer une route au milieu de lianes dessinées par souvenir, on a l’impression de découvrir un site endormi depuis des siècles. L’exploration qui nous est proposée par notre curiosité peut commencer, sans faire de bruit pour ne pas réveiller les lieux. Le gigantisme de l’espace dialogue avec l’étroitesse des passages. Et l’on commence à deviner les messages cachés des lieux. Ces endroits où Maximilien puis Oswald ont rêvé de romantisme, sur ces plateaux rocheux surplombant les méandres du plus grand fleuve de France invitant à la méditation. Une immersion panoramique, intense, forte à la hauteur de cet espace de liberté qui s’offre.
En fermant les yeux, en fermant les lieux, nous entendons Siffait le train. Et si cet adieu n’était qu’un appel à se revoir ?
© Photographie: Emmanuel Naffrechoux, Nicolas Renaud