DANS LES VILLAGES DE GRANDES SOLITUDES
Il y a des destinations qui se révèlent qu’avec le temps, ces villages qui vivent dans l’ombre des autres, traversés par les départementales tout comme la solitude. Guéméné-Penfao fait partie de ces pays que l’on peut aisément classer à la hâte dans cette catégorie bien réductrice. Géographiquement à l’ombre de la forêt domaniale du Gâvre, étymologiquement à l’ombre de Guéméné-sur-Scorff, sa spécialité culinaire en moins, la ville semble se reposer sur son Don qui entrelace sa campagne.
LA CARRIÈRE DE GUÉNOUVRY
Quand deux grands ados ont un souvenir commun d’un lieu, il faut leur faire confiance.
Un premier arrêt au pied des commerces de l’église qui donne le tempo d’un renouveau artistique et artisanal. Surprenant et rafraichissant.
La brume ne s’est pas encore dissipée quand nous arrivons sur la carrière de Guénouvry. Bien chaussés, sac à dos et envie de découvrir ou de faire découvrir ce lieu endormi.
A peine les premiers pas et nos premiers mots échangés, il faut se faire à l’évidence, le jardin d’Eden est saccagé par une myriade de déchets que même la brume n’arrive pas à recouvrir.
Quelle tristesse de voir les relents de cette société de consommation nous sauter au regard, comme l’impression d’une gueule de bois sans même avoir pu participer à la fête la veille.
Mais le soleil pointe son nez et éclaire ces pans de roches rouges bien caractéristiques du lieu. Nos têtes se lèvent en direction de la crête de ses douces falaises et de la cime des arbres et les premiers reflets dans l’eau nous invitent à la symétrie des lieux. A cette quête de l’harmonie que la nature nous appelle à suivre. La beauté est là, tout autour de nous.
RETOUR EN ENFANCE!
Pour continuer à prendre de la hauteur sur les éléments quoi de mieux que de déjeuner sur un promontoire. Un arbre, une roche et un panorama nous y attendent. L’essentiel pour s’y sentir bien et partager une fondue savoyarde mémorable entre camarades.
Pour échanger sur notre devenir et pour retourner le temps de jeux improvisés dans la douce insouciance de l’enfance, renversants pour certain ; – )
Un camaïeu de verts rencontre l’ocre et le bleu du ciel. Une palette grandeur nature. Les pins nous bercent, le paysage nous devient familier, nous sommes au cœur de l’arène.
NE TRACEZ PAS DE LIGNE AU SOL!
Reprenant doucement notre route, des idées nous arrivent pour valoriser ce lieu.
Le site n’est plus ouvert au public pour des raisons de sécurité mais il le sera sans doute un jour à condition que le regard comme les comportements évoluent. Mais laissez-lui son âme, celui de se laisser se découvrir au fil de son humeur, de ses envies comme de ses besoins. Ne tracez pas de ligne au sol pour guider les promeneurs, faites leur confiance et préservez un peu de cette liberté qui fait que l’on se sent vivant au sein de cette nature résiliente profitant du présent.
Bref, n’affichez pas de plan de carrière.
© Photographie: Emmanuel Naffrechoux, Régis Perdriau, Nicolas Renaud, Stéphane Bérard.